Dimanche 20 janvier 2008

Ce livre, c'est l'histoire d'une même famille à travers les âges.
Quatre enfants de 6 ans racontent leur quotidien: le fils Solomon puis le père Randall puis la grand-mère Sadie et pour finir l'arrière grand-mère Erra. Nancy Huston offre à chaque narrateur une identité propre, une manière bien à lui de (se) voir et de s'exprimer. Comme j'ai pu détester Solomon et son côté pédant, ne pas supporter ses premières pages et le côté raciste de Randall, je suis tombée sous le charme de Randall enfant, de sa complicité avec Aron son père *o*, j'ai souffert avec la petite Sadie et rêvé avec Kristina-AGM-Erra… .
Dans ce livre on suit l'évolution d'une même personne à travers le temps, qu'elle se situe au premier ou au second plan (c'est d'ailleurs fascinant de refeuilleter le livre après l'avoir lu et de voir que chaque élément, mentionné au détour d'une phrase, a une telle importance: Janek, la chauve-souris, la poupée...). Le racisme de Randall s'explique. Tout s'explique. C'est comme si d'un coup d'un seul on nous disait « Faut pas juger les gens, s'ils sont comme ça, c'est qu'ils ont leurs raisons. » et qu'on nous montre « Là, tu vois il a vécu ça, donc ça explique que… »

Lignes de faille, c'est la poursuite de ses origines, de savoir qui l'on est. Allemand? Juif? Arabe? Canadien? Américain? Catholique? Protestant? Athée?…
Ce sont des personnes qui font des choix, qui n'ont parfois pas le choix aussi, qui subissent, qui grattent la vérité, qui enterrent certains souvenirs, qui racontent des blagues. Dans Lignes de faille, il y a les conflits domestiques autour des guerres, parce que chacun a son opinion. Et c'est sans doute ce qui est le plus marquant, le plus déstabilisant: il n'y a pas de noir ou de blanc, il n'y a que des milliers de nuances où chacun est sûr d'être dans son droit. Israël, Irak, Allemagne, Russie, Ukraine, Palestine, Liban… Tour à tour Randall et Erra, peut-être Sadie, à vingt, quarante ans d'intervalle, se font la même réflexion: les gens ne s'entendent pas parce qu'ils sont persuadés d'avoir raison et d'agir dans le bon sens face à l'Ennemi.
Et pourtant... L'Ennemi, c'est comme ce passage où le grand-père de Kristina lui apprend la droite et la gauche tout en étant en face d'elle. Alors chez toi, c'est inversé? Et puis il se place du même côté qu'elle, et non, ce n'est plus inversé, c'est tout à fait pareil. L'Ennemi, si on se place en face, c'est nous. Comme cette petite Sadie qui se punit fort quand elle fait une bêtise.

Ma note: 8.9/10

 

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