Je me souviens avoir détesté ce livre. Ou du moins, si je ne l'ai pas détesté lui, avoir détesté Jeff. Et c'est sûrement parce que son comportement est extrêmement bien décrit et que l'on entre dans un malaise pas vis-à-vis de qui il est mais de ce qu'il fait. Comme le héros de Into the wild que j'avais détesté, Jeff n'est pas sain. Réclamant de l'attention et de l'affection, il cherche au final très loin et dans d'autres regards ce qu'il a tout près et à portée de main. Un ouvrage qui personnellement m'a comprimé le ventre.

Chef d'oeuvre de la littérature de Science-Fiction, Des fleurs pour Algernon n'en est pas moins un ouvrage émouvant et bouleversant qui fait réfléchir sur notre monde et notre société. Nous suivons le journal intime de Charlie au fil de l'expérience qui le rendra intelligent, journal dont l'évolution de l'orthographe suffirait à elle-même pour expliquer les progrès du jeune homme. Car la force de ce livre réside entre ces pages, dans le fait que Charlie lui-même raconte l'avancée de la science, qu'il en voit les limites, les erreurs. Un livre fascinant donc, à lire.

Relu en 2009 quelques années après l'avoir lu, A perte de vue en reste toujours aussi touchant. La narratrice Caroline nous accueille au sein d'un quotidien fragile dans lequel elle ne parvient pas à se stabiliser. Par petites doses, son histoire personnelle se distille et tantôt roman psychologique, tantôt roman policier, Caroline part à la recherche de sa petite soeur, disparue précipitamment quand elles n'étaient qu'enfants.

Ce roman oscille entre policier et anticipation, laissant une grande place à la réflexion et à l'imagination. Sliv, le narrateur, est un jeune homme curieux, enthousiaste et intelligent, nouvellement employé au sein d'une gigantesque organisation qui falsifie le Réel. Travaillant sans savoir pour qui ou dans quel but exactement, Sliv et ses collègues redessinent certains faits historiques et modulent certains éléments à leur bon-vouloir. L'identité et la finalité du CFR planent en mystère au-dessus de leur tête, chacun ayant sa petite idée. Reste pour le lecteur des pistes très intéressantes par rapport à sa propre réalité, à la vision qu'il s'en fait et surtout par rapport au traitement de l'information.

Dernier volume de la Belgariade, ce chapitre clôt le récit face au dieu Torak avec une fin relativement évidente. Toujours aussi empreint d'humour, le voyage de Garion et de ses amis (qu'ils soient ensemble ou séparés) ne perd rien de sa magnificence vis-à-vis des paysages traversés, des personnes rencontrées et des dialogues. Qu'il décrive un mariage ou un gigantesque combat, Eddings le fait (le faisait) avec maëstro.