Lundi 29 décembre 2008

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Madison, 11 ans, est enlevée un soir en rentrant du collège par R., un homme roulant dans une Volvo noire et séquestrée dans une cave de 9 mètres carrés.

Tour à tour, ce sont les voix de Leonore, la mère, de Madison et de Stanislas, professeur de tennis pour lequel l’adolescente avait le béguin, qui se font l’écho de ce drame et de l’après.

 

Les trois histoires sont racontées en parallèle et on s’immerge de l’une à l’autre, bravant une chronologie quelque peu décousue et parfois surprenante, pour comprendre en toute fin la nécessité de ces trois regards.

Delphine Bertholon parvient avec talent à insuffler à chacun des narrateurs un style et un mode d’expression qui lui sont propres et dont l’évolution au fil des pages atteste de ce que vivent les personnages. Ainsi le vocabulaire de Madi s’étoffe quand Stanislas vire au nombrilisme et la mère reprend vie. L’auteur dessine ses personnages (principal ou secondaire comme le grand-père, Louison ou R.) avec une grande justesse. Madison notamment n’est pas assignée à son rôle de petite fille enlevée. Intelligente, perspicace, vive d’esprit, elle possède une force de caractère, un humour, une capacité à faire face et à positiver tout à fait saisissants, tout en étant loin d’être parfaite, elle le reconnaît volontiers. Sa relation avec son ravisseur est très intéressante à plusieurs titres, parfait maelström de sensations.

Un roman particulièrement riche donc, qui malgré une tendance à virer dans le pathos (mais sur un sujet aussi difficile, comment faire autrement ?), parvient à captiver le lecteur et donne une raison d’être à l’écriture, un sens au mot liberté ainsi qu’une grande leçon de courage.

Ma note : 8/10



Lundi 29 décembre 2008

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Un jeune garçon de six-huit ans voue une sorte de culte à son père, prédicateur. Quand il le voit taper ses discours sur la machine à écrire, il n'a qu'une envie: faire de même. L'histoire nous plonge dans le cerveau quelque peu perturbé de cet enfant, à l'imaginaire débridé mais à la pensée parfois limitée, ou si non limitée, obstruée par bon nombre de convictions. Si le style est parfois poétique, j'ai eu personnellement du mal à voir un enfant derrière les mots, surtout un aussi jeune... On trouve malgré tout des raisonnements très enfantins et confus mais, je ne sais pas, il y a un côté dérangeant à cette histoire. Le jeune garçon (dont on ignore le prénom?) a les idées très marquées par l'Apocalypse, par la nécessité de se référer sans cesse aux supports religieux pour tout expliquer et ne vit pas comme sa maman souhaiterait une enfance normale.  Le ryhtme de ce livre est particulier et de part certaines scènes confusément confuses pour le narrateur, la lecture est parfois indigeste quand l'histoire n'est au final pas si compliquée que ça... Ce livre peut être vu comme une sorte de gros non-dit, peuplé d'élucubrations et l'on voit avec quelle facilité il est possible de faire aller dans un même sens les détails pour leur donner une signification à l'opposé de la vérité.   

Ma note : 6.5/10 

Dimanche 28 décembre 2008

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Il s’agit du premier livre que je lis de Didier Van Cauwelaert que je lis et sans doute pas le dernier vu la vitesse à laquelle je l’ai dévoré. Ce petit livre se lit très vite, très bien, fait passer par tout plein d’états différents et… pendant quelques minutes, on est littéralement ailleurs. Par l’histoire, il se rapproche drôlement du livre En cas de bonheur et c’est d’autant surprenant de les lire l’un à la suite de l’autre et de voir les différences de sensibilité des deux auteurs autour d’une même thématique, de voir leur façon de parler de la « rupture », de l'incompréhension et de cette phase de reconquête. Hum... une histoire dont le résumé pourrait être un roman tout autre donc.
Didier Van Cauwelaert sait inventer un monde à côté du monde, tout en poésie et douceur, alliant humour et humanité. De Nicolas, concepteur de jouets, adulte resté enfant dont on fait la connaissance dans les premières pages à Sezar, jeune caissière kurde ayant fui l'Irak qui se bat pour se faire une place en France entre les gars de la cité, les préjugés, la non-rapidité et l'illogique tenace de l'administration française, en passant par le jeune Raoul qui grandit mais veut croire malgré tout aux histoires de fées que lui raconte son père adoptif, les personnages de ce roman sont touchants et justes.  Il y a de la magie au sein de ces pages, c'est indéniable et non de la compassion ou du fatalisme comme il pourrait y en avoir au vu de certaines scènes difficiles. Une très belle plume, particulièrement juste.

 

Un très joli livre. 

 

Ma note : 9/10

Mardi 16 décembre 2008

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Il y a des livres que l’on aimerait aimer, pouvoir savourer, des pages dont on aimerait pouvoir goûter la saveur iodée mais je dois reconnaître que si j’aurais aimé aimer (je fais deux fois de suite dans la redondance !), ce ne fut pas tout à fait le cas. Le style de Claudie Gallay m’a arrêtée plusieurs fois, j’avais l’impression de lire un script de ce que pourrait être le livre. Les phrases sont excessivement courtes, peu liées entre elles, ne délivrant en définitive que peu d’informations. On est très loin des univers coulants et fantaisistes de David Foenkinos et de Didier Van Cauwelaert.
Si je comprends tout à fait que celui puisse rendre compte d'une ambiance, d'une certaine atmosphère, je n'ai pas été conquise. Le style laisse une place béante au silence, aux non-dits qui entourent les personnages pour donner un livre renfermé, brumeux où tout se tait, où tout se sait et sur lequel le lecteur est coincés entre deux rives. Le microcosme de ce petit village proche de la Hague est décrit avec rudesse mais avec une certaine justesse quand on réfléchit à ces petits coins de vie reculés dans lesquels les gens vivent dans une quasi-autarcie, de génération en génération, bien loin de la vie comme nous la connaissons dans les villes. Les personnages se jaugent les uns les autres, méfiants, ébranlés par leurs blessures passées. Taiseux. Les individus implorent, grimacent, à l'image des sculptures de Raphaël. 
Théo, la Mère, Nan, Lili, Morgane, Lambert, Max, la Petite... autant de personnages entremêlés les uns aux autres par la haine, l'amour, la lâcheté, le mensonge... 
L'histoire se joue avec un semblant de suspense quand arrivé au tiers du livre on pressent déjà la fin. La narratrice fait corps avec cette atmosphère vaporeuse, livrant peu à peu qui elle est, aussi loquace que ce recoin de terre piégé par la mer pour un rendu "froid". Les mots au final forment une certaine harmonie, aussi pesants et lourds que ce qui se déroule sous nos yeux. On a parfois envie de pousser un peu ces personnages perdus, trop cassés, trop brisés. De secouer ces vieux trop vieux, de réveiller ces jeunes cinquantenaires. L'univers marin est poussé à l’extrême, et la mer règne en main de maître avec le droit de vie comme de mort sur les hommes qu'elle attrape puis rejette. 

 
Ma note : 6/10.       

Mardi 16 décembre 2008

 
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Avec son humour corrosif et caractéristique, David Foenkinos développe une nouvelle fois des personnages aux allures stéréotypées et caricaturales. Personnages qu’il se déplaît au fil des pages à décaricaturer. Se moquant d’eux, les entraînant sur des terrains glissants, alliant l’utile à l’inutile, l’auteur semble se faire plaisir et par là-même rend la lecture savoureuse. Ce n’est pas l’histoire du siècle, les rebondissements sont parfois hasardeux et comiques mais on plonge avec une telle facilité dans le quotidien de Jean-Jacques et Claire que cela importe peu. Les deux amoureux voient leur mariage englué dans leurs habitudes, Jean-Jacques sur les conseils d’un ami choisit une maîtresse, Claire qui se doute de quelque chose le fait suivre par un détective…
L’auteur interroge l’usure de l’amour au fil du temps, la difficulté de quitter et d’être quitté, la place que garde malgré tout l’être aimé… Ce n’est certes pas de la grande littérature mais cela reste dans la même veine que Le potentiel érotique de ma femme (c’est amusant d’ailleurs de voir revenir certaines expressions de ce livre-ci). Le style Foenkinos me plaît de plus en plus : loufoque, il emprunte des chemins, crée des termes décalés et imagés ; on sait qu’au détour de chaque page il y aura un élément qui prêtera à sourire de part son réalisme cuisant.
 
Ma note : 8.5/10

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