Mardi 29 janvier 2008

Waou.
Oui, il faut finir les livres que l'on commence, même s'ils ne nous plaisent pas au premier abord.
Ce livre a pour moi commencé aux alentours de la page 170. Soit 135 pages avant de se terminer. Jusque là je buttais sur les mots, ne sachant pas suivre le cours des pensées de Sepha Stéphanos.
Les belles choses que porte le ciel (citation de Dante) est un aller-retour incessant entre passé et présent, c'est principalement ce qui m'a dérangée mais qui fait aussi que le narrateur est humain, et qu'on s'attache, qu'on s'identifie à lui.
Père, j'aimerais ajouter mon propre adage à ta liste: un homme coincé entre deux mondes vit et meurt seul. 
Sepha est un éthiopien qui a dû quitter son pays et sa famille précipitamment pour trouver refuge aux Etats-Unis, qui aimerait pouvoir dire qu'il a réussi. Il s'est fait deux amis Africains (Kenneth et Joseph) et tous trois, dans l'épicerie du narrateur, se plaisent à évoquer les coups d'état, les dictateurs… à se replonger dans un continent où ils ont dû fuir un pays différent chacun pour sensiblement les mêmes raisons. La vie aux USA n'est pas telle un paradis promis. Et tous trois sont là, entre deux rives, étrangers. Puis un jour, Sepha se prend d'affection pour ses nouvelles voisines Judith et Naomi, déracinées elles aussi, à leur façon. Un peu de fraîcheur dans son monde, son quotidien change de routine et cela lui fait du bien, même si face à cette femme blanche, aisée et culivée, venue habiter dans ce quartier défavorisé, il se sent souvent inférieur. S'en suit une complicité douce avec la perspicace Naomi (et la lecture d'un livre, Les frères Karamazov, qui donne envie *o*)

C'est un livre décousu avec un ancrage dans le présent et de très multiples retours dans les souvenirs, qui traite de l'immigration et de pas mal d'autres choses, c'est une quête d'identité. Oui, Stéphanos est un homme coincé entre deux mondes… et c'est douloureux à dire, mais je ne vois pas comment il pourrait ne garder qu'un pied dans un seul de ces mondes.
Et parce que ce passage peut être lu, relu, rerelu, et qu'il est vraiment beau:
"Il y a environ huit cent quatre-vingt-trois pas entre ces marches et mon épicerie. Une distance que je peux couvrir en un sprint de moins de dix secondes, ou en moins d'une minute si je marche. Ce sont toujours les premier et dernier pas les plus durs. Nous nous éloignons et tentons de ne pas regarder en arrière, ou bien nous restons de l'autre côté des portes, terrifiés de découvrir ce qui nous attend, maintenant que nous sommes revenus. Entre-temps, nous titubons à l'aveuglette d'un endroit et d'une vie à l'autre. Nous essayons de faire de notre mieux. Il y a des moments comme ça, cependant, où nous ne bougeons pas et où tout ce que nous avons à faire est de regarder en arrière vers la vie que nous avons menée."
Pour en savoir plus sur l'auteur Dinaw Mengestu, qui signe ici son premier roman: http://www.afrik.com/article12278.html

Ma note: 7/10

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