C'est le premier livre que je lis de Toni Morrison (prix Nobel de littérature 1993) et je dois dire que s'il aborde des thèmes particulièrement durs, il m'a conquise.
Persuadée dans un premier temps par le fait que Toni Morrison était un homme, je trouvais son écriture d'une sensibilité et d'une beauté infinie. Je trouvais fascinante sa capacité à se placer dans l'état d'esprit de ces petites filles noires sans le sou qui ne veulent plus être regardées de côté, poignante cette empathie à se mettre à leur place, avec des mots crus, durs et sincères. Avant de découvrir que Toni Morrison était une femme. L'écriture est restée la même mais mon regard a changé, sans que je puisse l'expliquer.
Ce livre m'a pris les tripes, en a fait des rouleaux, des saucissons. L'oeil le plus bleu est le premier livre de Toni Morrison et il évoque une multitude de thèmes: folie, misère, viol, inceste... Chaque chapitre retrace la vie d'un personnage. Et les personnages sont tellement vrais, pendant quelques instants on est eux, on les voit, on les ressent. Toni Morrison sait retranscrire le moindre détail, avec finesse, précision, on voit les scènes se jouer sous nos yeux, parfois on aimerait juste les fermer, ne pas regarder, mais c'est impossible.